La thérapie par hypnose : deux visions qui s’opposent

Cet article est le troisième et dernier d’une série consacrée à la thérapie par hypnose utilisant le signaling.

Cet article est inspiré en grosse partie des 4 tomes intitulés en français « l’intégrale des articles de Milton Erickson sur l’hypnose », publiés par Milton H. Erickson et Ernest Rossi.

A quoi sert la thérapie par hypnose ?

Le citoyen lambda consulte un praticien en hypnose parce qu’il est dérangé par des symptômes plus ou moins handicapants de nature physiologique, psychologique, émotionnelle ou comportementale, qui souvent résistent aux médicaments ou aux solutions traditionnelles. Stress, angoisses, anxiétés, phobies, douleurs, addictions, troubles alimentaires, insomnies, gestion des émotions difficile, tous ces symptômes et bien d’autres sont la manifestation d’un problème émanant du corps ou de l’esprit, ou des deux.

L’idée que la simple suggestion directe de soin sous hypnose ne fonctionne pas fait aujourd’hui consensus chez tous les hypnotiseurs thérapeutiques, ou presque. On n’aidera personne en créant un état d’hypnose et en s’exclamant « tu ressortiras de cette pièce guéri de tous tes problèmes ». Avec l’hypnose, même exercée par des professionnels de santé (psychologues ou psychiatres), on parle davantage d’un accompagnement que d’un soin. L’hypnose guide, aide, offre des solutions, mais ne soigne pas.

Avec le vaste monde des possibilités offertes par la ré-utilisation de l’expérience de vie du client grâce à l’hypnose afin de lui apporter un mieux-être, il y a aujourd’hui dans la vision thérapeutique de l’hypnose deux oppositions extrêmes qui sont difficilement combinables :

Solution 1 : j’aide le client à trouver des ressources positives en lui qui lui permettront d’aller mieux, de soulager ses symptômes, et de continuer à aller de l’avant sans freins apparents. En d’autres termes : lui permettre de se sentir mieux en appelant tout le potentiel positif sommeillant à l’intérieur de lui.

Solution 2 : j’aide le client à explorer à l’intérieur de lui ce qui a créé ou maintient encore ses symptômes, souvent liés à une ou plusieurs expériences émotionnelles passées que le corps a besoin de libérer, et j’aide mon client à réparer ces expériences négatives, à en tirer des leçons ou bénéfices, jusqu’à ce que les symptômes finissent par disparaître.

Dans une approche qui considérerait la globalité de la personne en tant qu’individu, nous trouverions des avantages et des inconvénients à ces deux dynamiques thérapeutiques. Il n’y en a pas une meilleure que l’autre dans l’absolu, il n’y a que des choix et des potentiels différents, adoptés d’un commun accord entre la personne hypnotisée et son praticien. Certains thérapeutes se spécialisent plutôt dans une approche ou plutôt dans une autre. D’autres s’offrent la possibilité des deux dynamiques en fonction des caractéristiques de leur client, et c’est tant mieux !

Je vais tenter de vous présenter les deux solutions de la façon la plus objective qui soit, avant de conclure par un avis très tranché intime et personnel.

Solution 1 : la thérapie ressources

Il s’agit de partir à la recherche de tous les éléments ressources de la vie du client afin de lui permettre de les ré-utiliser dans le cadre de l’accompagnement thérapeutique pour en ressortir plus fort et libéré de tous ses problèmes. On retrouve dans cette catégorie des approches plutôt protocolaires comme la PNL (programmation neuro-linguistique), l’utilisation des métaphores, la sophrologie ou ce que l’on appelle l’hypnose ericksonienne.

Prenons l’exemple d’un arrêt du tabac réalisé avec une thérapie ressources. Je résume en réalité ici la grande majorité des méthodes d’arrêt du tabac utilisées en France aujourd’hui.

1ère étape : changer les croyances

Diverses croyances vont d’abord être combattues lors de la 1ère séance pour en arriver finalement aux conclusions suivantes :

Fumer provoque du stress et non l’inverse,

La nicotine n’est pas une drogue mais plutôt un poison,

Le syndrome du manque est psychologique et non physiologique, lié à une fausse dépendance émotionnelle créée depuis l’adolescence très souvent (besoin d’appartenance à un groupe),

Supprimer toutes les peurs de l’après arrêt tabac (compensations alimentaires, stress, anxiétés etc).

2e étape : booster la motivation

Le thérapeute réalise en collaboration avec le client, déjà sous hypnose pour une réceptivité plus accrue, une liste de tous les désavantages et inconvénients d’être fumeur encore aujourd’hui. Il s’agit alors d’explorer émotionnellement à quel point cette situation crée une profonde détresse dans le corps, mais aussi dans l’environnement extérieur familial (vis à vis des conjoints ou enfants par exemple). Certains thérapeutes vont jusqu’à faire se projeter le client dans le futur en lui faisant imaginer tout ce qu’il va devoir subir s’il ne s’arrête pas rapidement de fumer (maladies respiratoires, cardiaques etc).

3e étape : le recadrage comportemental

Il existe un protocole très bien ficelé en PNL que l’on appelle le recadrage en 6 pas, 6 steps reframing pour la version originale. L’objectif est de partir à la recherche des bénéfices secondaires comblés par la cigarette (aussi appelés « intentions positives »), et de les relier à d’autres comportements, nouveaux, jugés plus sains. Par exemple : au lieu de fumer mon café-clope du matin dans la cuisine, je vais prendre mon café sur mon balcon en lisant le journal Médiapart et en respirant l’air pur (surtout en ce moment) de l’extérieur. Et ainsi de suite pour chaque moment clé de la journée qui contient des cigarettes.

C’est la seule étape où l’on peut faire intervenir l’inconscient et le signaling. On peut alors lui demander de répondre par oui ou par non lorsque nous mentionnons ces fameuses intentions positives afin d’être sûr d’être au bon endroit. Il s’agit souvent d’une transe hypnotique très légère puisque la majorité de la thérapie se fait par visualisation et non par idéomotricité (mouvements automatiques du corps réalisés par l’inconscient).

4e étape : pont vers le futur

La thérapie ressources doit ensuite s’assurer de l’implantation des nouveaux comportements en les renforçant émotionnellement. La technique généralement utilisée ici consiste à faire visualiser tous les bénéfices liés à l’arrêt du tabac.

« Je pourrai voir mes enfants grandir »,

« Je pourrai me payer des voyages avec les économies réalisées »,

« Je pourrai reprendre le sport plus sereinement »,

« Les odeurs dans la voiture diminueront et ma femme sera enchantée »,

etc.

5e étape : tester la motivation du client

Responsabiliser le client face à l’utilisation de toutes ses nouvelles ressources en l’obligeant à accomplir certaines tâches comme :

  • Jeter tous les paquets de cigarettes, briquets, cendriers etc,
  • Casser certains rituels liés à la cigarette,
  • Réaliser des tâches supplémentaires prescrites par le thérapeute (respirations type cohérence cardiaque, séances complémentaires à écouter régulièrement, ouvrages à lire démontant les lobbys autour du tabac etc).

Avantages

  • Thérapie brève, voire instantanée (1 à 3 séances peuvent suffire pour l’arrêt du tabac par exemple).
  • Peu d’émotions négatives anciennes sont traversées (elles sont souvent les plus difficiles).
  • Permet de prendre conscience de toute la force de résilience qui sommeille en nous.
  • Thérapie souvent peu coûteuse pour les clients. Ils ne restent jamais bien longtemps. Soit ça fonctionne, et en un petit nombre de séances c’est terminé. Soit ça ne fonctionne pas du tout, au revoir et merci.

Inconvénient(s)

  • Risque de déplacement de symptômes. La personne arrête de fumer mais prend du poids ou développe avec le temps de nouveaux comportements négatifs (qu’elle ne liera pas forcément au tabac, qui plus est).

J’introduis là une notion controversée, celle du déplacement de symptômes. L’idée qu’un symptôme cache une raison émotionnelle qui, si elle n’est pas bien écoutée, cherchera à s’exprimer ailleurs et autrement. Si une des raisons émotionnelle de mes cigarettes le matin avant de partir au travail correspond à des émotions en lien avec la haine que je porte pour mon patron sadique, le fait de bien respirer et boire un verre d’eau de plus risque de ne pas « contenter » complètement ce besoin d’expression émotionnel. Et c’est là que le corps va chercher à compenser par un nouveau comportement, souvent culpabilisant ou nous privant de certaines libertés, afin de nous rappeler à l’ordre. Qu’il s’agisse de troubles alimentaires, d’insomnies, d’angoisses, d’anxiétés, de stress, de mauvaise gestion émotionnelle ou tout autre comportement, aller au boulot risque de devenir le trajet vers l’enfer sans mon doudou cigarette pour m’aider. Le problème à traiter ici ne serait-il pas plutôt l’environnement professionnel ?

Solution 2 : la thérapie réparation

Partir à la recherche des blocages émotionnels en lien avec le problème initial, puis réparer, et enfin intégrer dans la vie de demain les changements, tel est le programme.

L'hypnose peut être utilisée pour produire des modifications de la personnalité-situation significatives, comme démontré par les effets psychiques et somatiques indéniables obtenus par la réorientation, et le fait de revivre une expérience passée comme un processus encore d'actualité.

Hypnosis can be employed to produce significant personality-situation changes, as evidenced by the definite psychic and somatic effects produced by the reorientation to, and the reliving of, a past experience as a current process.

Par réorientation, Erickson entend peu ou prou ce que l’on appelle aujourd’hui la régression en âge. On envoie le client dans un événement passé comme s’il y était vraiment, à l’âge adéquat, sans les interférences du soi actuel. Cela permet une (re)connexion émotionnelle pure, sans rationalisation, du style « j’ai souffert, c’est clair, mais je m’en suis tiré donc je ne vais pas me plaindre » alors que l’émotion pure évoquerait plutôt la souffrance telle qu’elle impliquerait la mort du corps. Libérer ces émotions telles qu’elles sont réellement enregistrées dans le corps est très libérateur, et donc réparateur.

Techniquement, à quoi ça ressemble ?

Des informations traumatiques refoulées se manifesteront d'abord par des symptômes physiologiques, puis par une réponse idéomotrice, et seulement enfin par la possibilité de le verbaliser.

Deeply repressed information of a traumatic sort will be indicated first by physiological indications of distress, then by an ideomotor response, and finally by verbal reporting.

Dans le livre « Clinical Hypnotherapy », Cheek et LeCron détaillent des outils précieux qui mettent en avant l’idée que le signaling permet de faire remonter à la surface des émotions à l’origine de comportements négatifs. Et pour se faire, ils insistent sur l’importance de noter les inconforts physiologiques éprouvés par le client durant la transe hypnotique, autant d’éléments indices de quelque chose d’émotionnel qui essaie de remonter à la surface. Erickson appelle quand à lui ces dynamiques des signalings naturels et spontanés. On retrouve diverses manifestations :

Bâillements,

Nausées,

Gratouilles,

Sueurs chaudes / froides,

Tremblements,

Mouvements idéomoteurs spontanés,

Lourdeurs inattendues,

Picotements,

etc.

Une thérapie réparatrice, à l’aide de l’outil signaling, ressemble étrangement à un modèle assez populaire en PNL pour d’autres raisons : le modèle T-O-T-E (Test-Operate-Test-Exit). Il s’agit d’un modèle inventé par Millet, Galanter et Pribram en 1960 qui permet de suivre un plan assez simple menant à la résolution de problèmes. C’est un modèle utilisé autant en informatique dans l’intelligence artificielle qu’en psychologie humaine.

Modèle_TOTE-1

Modèle TOTE, testé par Erickson et Rossi dans l’hypnothérapie utilisant le signaling.

Après avoir établi un signaling de qualité via la main ou les doigts, Rossi et Erickson nous présentent leur adaptation du modèle en vue d’accompagner la plupart des problèmes psychologiques. La partie « test » correspond à une série de questions ou de suggestions que le thérapeute adresse à son client, tandis que la partie « operate » représente tous les processus psychologiques qui se jouent à l’intérieur de l’inconscient avant d’obtenir la réponse idéomotrice (« oui », « non », « je ne sais pas », « je ne souhaite pas répondre » par exemple). On retrouve l’utilisation d’un modèle similaire d’utilisation du signaling dans les travaux de LeCron et Cheek. A chaque fois que l’inconscient répondra « non », « je ne sais pas », ou « je ne souhaite pas répondre », il sera nécessaire d’enquêter sur les potentielles difficultés rencontrées par l’inconscient à ce moment-là.

Je vais reprendre l’exemple de l’arrêt du tabac pour illustrer la version thérapie réparatrice cette fois-ci.

TEST : y a-t-il une origine psychologique ou émotionnelle derrière ces cigarettes du matin ?
OPERATE : travail inconscient en arrière plan.
Si réponse OUI : on continue à mener l’enquête en creusant davantage.
Si réponse NON, JE NE SAIS PAS, ou JE NE SOUHAITE PAS RÉPONDRE : chercher à comprendre pourquoi en posant d’autres questions.

TEST : série de questions permettant de situer la période exacte dans le passé liée à l’origine de ces cigarettes du matin.
OPERATE : travail inconscient en arrière plan.
Si réponse OUI : on continue à creuser.
Si réponse NON, JE NE SAIS PAS, ou JE NE SOUHAITE PAS RÉPONDRE : chercher à comprendre pourquoi en posant d’autres questions.

TEST : est-ce ok pour le conscient de connaître le ou les événements exacts ?
Si réponse OUI : on passe à l’étape 4.
Si réponse NON, JE NE SAIS PAS ou JE NE SOUHAITE PAS RÉPONDRE : on enquête sur le pourquoi de cette réponse.

TEST : fais remonter à la conscience toutes les informations dont tu disposes et qui sont à l’origine ou maintiennent ces cigarettes du matin.
OPERATE : travail inconscient en arrière plan.
Le client verbalise ensuite une première information, ou laisse sortir une première émotion.


Est-ce que l’information verbalisée par le conscient est satisfaisante ?
|OU|
Est-ce que l’émotion libérée va dans la bonne direction ?


OPERATE : travail inconscient en arrière plan.
Réponse OUI : on continue.
Réponse NON : on cherche à faire remonter l’information plus exactement ou différemment.

…La procédure de libération émotionnelle et de réparation des expériences passées se déroule durant une ou plusieurs autres phases similaires.

EXIT : suggestion post-hypnotique pour que l’inconscient puisse continuer à travailler après la séance afin de terminer l’intégration et finir de mettre en place les changements attendus au quotidien.

Tout ça est bien évidemment très schématique et n’est pas représentatif d’une vraie séance d’hypnose conduite par signaling. Toutefois, nous suivons avec la méthode HUNKAAR ce modèle en se prenant quelquefois pour de vrais Sherlock Holmes je l’avoue. On se sent au final plus enquêteur que thérapeute. Et on finit par s’émerveiller de chaque histoire que chaque symptôme raconte.

Je raconte dans la formation gratuite en ligne d’introduction à la méthode HUNKAAR des histoires tirées de mon expérience d’accompagnant si vous souhaitez en découvrir davantage sur cette façon de procéder.

Avantages

  • Reconnexion plus totale à son corps et à des émotions positives comme la joie, le bonheur, l’amour ou encore la liberté. (La dissociation et le refoulement des émotions négatives déconnecte de tout ça également)
  • Compréhension de « qui je suis » et de l’histoire qui se cache derrière chaque symptôme.
  • Pas de déplacement de symptômes. Le symptôme s’en va de lui-même quand tout est bien réparé et intégré.

Inconvénients

  • Thérapie plus longue qui nécessite également un temps d’apprentissage de l’état d’hypnose plus étendu également.
  • Thérapie plus coûteuse qui peut s’étaler sur de plus nombreuses séances en fonction du vécu de chaque personne. Une personne qui fume pour survivre tant les émotions horribles sont nombreuses à l’intérieur de son corps, n’arrêtera pas en une seule séance, ni même dix.
  • Nécessite de (re)vivre des émotions (très) difficiles liées à son passé.

HUNKAAR est une méthode de thérapie réparatrice utilisant le signaling et l’écriture automatique comme outil d’exploration.

Et Milton Erickson, il pensait quoi de tout cela ?

Dans sa grande sagesse et humilité, il utilisait ce qui était bon pour le patient. Il utilisait donc un peu de tout, à des moments bien particuliers. Néanmoins, il étaye à plusieurs reprises sa vision globale dans l’intégrale des articles de Milton Erickson sur l’hypnose, 4 tomes dont je recommande une nouvelle fois la lecture pour tous les aficionados du personnage et de ses stratégies thérapeutiques.

L'induction et le maintient d'une transe permet de produire un état psychologique spécial dans lequel le patient peut ré-associer et ré-organiser ses complexités psychologiques internes et utiliser ses propres capacités en accord avec sa propre expérience de vie...
La thérapie résulte d'une re-synthèse intérieure du comportement du patient, obtenue par le patient lui-même. Il est vraie qu'une suggestion directe peut provoquer une modification des comportements du patient et apporter une guérison symptomatique, au moins temporairement.
Toutefois, une telle "guérison" n'est qu'une réponse à la suggestion et ne permet pas cette ré-association et ré-organisation des idées, compréhensions et mémoires si essentielles à une guérison véritable.

C'est cette expérience de ré-association et de ré-organisation de sa propre expérience de la vie qui amène une guérison, et non pas la seule manifestation d'une modification comportementale qui peut satisfaire, tout au plus, l'observateur [le thérapeute].


The induction and maintenance of a trance serve to provide a special psychological state in which the patient can reassociate and reorganize his inner psychological complexities and utilize his own capacities in a manner in accord with his own experiential life… therapy results from an inner resynthesis of the patient's behavior achieved by the patient himself. It's true that direct suggestion can effect an alteration in the patient's behavior and result in a symptomatic cure, at least temporarily. However, such a "cure" is simply a response to suggestion and does not entail that reassociation and reorganization of ideas, understandings and memories so essential for actual cure. It is this experience of reassociating and reorganizing his own experiential life that eventuates in a cure, not the manifestation of responsive behavior which can, at best, satisfy only the observer.

On le constate dans la citation ci-dessus, Milton Erickson cherchait à ce que l’inconscient du patient ré-organise toute son expérience de vie et les émotions associées afin de modifier, par lui-même, les comportements négatifs.

En tant que procédure médicale thérapeutique, l'hypnose possède des valeurs démontrées et bien définies. Certains troubles névrotiques précoces, des problèmes de comportements, des difficultés d'adaptation de la personnalité, des problèmes psychosomatiques, sont souvent susceptibles d'être accompagnés intelligemment par une psychothérapie hypnotique. Une telle thérapie, toutefois, ne devrait pas être dirigée seulement sur l'allègement d'un symptôme ou sur l'adoption par le patient de meilleurs modèles d'adaptation. Les effets thérapeutiques ainsi obtenus ont une courte durée de vie et expliquent la majorité des échecs.

As an actual medical therapeutic procedure, hypnosis possesses definite and demonstrated values. Certain early psychoneuroses, behavior problems, personality maladjustments, circumscribed neuroses, and psychosomatic disturbances are frequently susceptible to intelligently conceived hypnotic psychotherapy. Such therapy, however, should not be directed merely to the alleviation of a symptom or to the forcing of the patient to adopt better adjustment patterns. Therapeutic effects thus achieved are shortlived and account for the majority of failures.

Il évoque dans une dynamique thérapeutique l’erreur de s’attarder sur des ajustements comportementaux jugés plus favorables (« better adjustments patterns », notion difficile à traduire littéralement), comme le recadrage en 6 pas par exemple. Si la PNL est un outil de modélisation basé en grande partie sur Erickson, comment cela se fait-il qu’il contredise outrageusement son utilisation ? Tout simplement parce que des outils spécifiques ont été généralisés. Erickson était lui-même très remonté contre la PNL lors de son apparition.

Quand il s’agissait de palier à des problèmes symptomatiques urgents ne pouvant pas être résolus dans des délais raisonnables par une réparation émotionnelle, la thérapie ressources devenait une application idéale pour Milton Erickson (séance d’arrêt du tabac avant une opération urgente et vitale qui nécessite un arrêt du tabac immédiat par exemple). Autre application spécifique, l’utilisation de ressources dans le cadre de symptômes purement physiologiques. Dans le tome 4, il nous raconte de multiples anecdotes sur la gestion de la douleur où il n’hésite pas à redoubler de créativité pour permettre à des patients en fin de vie d’être soulagés de douleurs portant le poids symbolique de la mort. Son objectif était généralement de leur permettre de profiter de leurs derniers moments de vie avec leur famille de la façon la plus sereine qui soit. Pas question d’une quelconque réparation émotionnelle ici.

Un exemple m’a particulièrement marqué : il a créé des sensations de gratouilles horribles au niveau d’un pied (que le patient ne pouvait pas atteindre étant donné sa condition) afin de distraire le patient de la douleur située au niveau du ventre à l’endroit de son cancer. Il sait qu’il vient de créer une situation terrible pour son patient, mais il sait aussi qu’elle lui servira de ressources pour rester en vie et tenir plus longtemps en le détachant de l’idée de la mort au niveau de son cancer. Difficile toutefois de simplement supprimer la douleur. Erickson décrit souvent l’anesthésie davantage comme une amnésie. On ne guérit rien avec une anesthésie par hypnose, on ne fait qu’oublier momentanément la douleur, et les ressources peuvent là s’avérer essentielles.

D'une certaine manière, vous devez communiquer aux patients le désir de faire quelque chose à propos de leur douleur, tout comme le businessman fait quelque chose à propos de ses inquiétudes en les transformant en de douloureux ulcères avec destruction des tissus.

In some way you need to communicate to patients the desirability of doing something about their pain, just as the businessman does something about his worries and converts them into a painful ulcer with tissue destruction.

On retrouve bien chez Erickson la notion que des émotions créent et maintiennent des symptômes quelquefois destructeurs. Et l’idée que l’on peut utiliser ces mêmes émotions pour le bien-être de la personne relève donc de l’urgence et non de la guérison véritable.

Ma vision personnelle imagée

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Thérapie réparatrice VS thérapie ressources

Dans l’état désiré avec les thérapies ressources, il y a l’idée sous-jacente, selon moi, d’une fuite en avant. Le gars de mon dessin repart au bord de sa superbe voiture forgée par les plus belles métaphores et il se sentira, l’espace d’un instant, vivifié. Fier, heureux même. Jusqu’à ce que les quelques clous sur sa route viennent lui compliquer la tâche ou que le boulet qu’il traîne derrière lui explose l’arrière de sa voiture au bout d’un certain temps. Parce qu’il n’est pas préparé, ni éduqué, dans la globalité de sa personnalité, à un jour confronter ses propres boulets émotionnels du passé. Il a juste gonflé son potentiel de résilience et de créativité à garder oubliées toutes ses émotions enfouies.

La plupart des personnes qui arrêtent de fumer avec une thérapie orientée ressources n’auront vraisemblablement jamais de déplacements de symptômes suffisamment handicapants pour qu’ils soient ne serait-ce que reconnaissables. Sur mon dessin, c’est comme si les clous étaient finalement suffisamment inoffensifs pour ne pas arrêter la voiture en chemin, ou les boulets émotionnels suffisamment légers pour ne pas défoncer la voiture au premier dos d’âne.

Cependant, si comme moi vous avez été d’abord formé à l’hypnose ericksonienne avant l’approche exploratrice par signaling et écriture automatique, il suffit d’un petit nombre de retours clients un peu suspects pour que l’on en vienne à se poser des questions sur le manque de vision globale de la thérapie orientée ressources.

De par mes expériences de vie personnelles, j’ai été amené à développer ma propre façon de faire de l’hypnose qui s’est naturellement dirigée vers une vision médicale ressources (solution 1) et une vision thérapeutique réparatrice (solution 2). Erickson a évidemment été une énorme influence également. J’ai néanmoins mon propre parcours comme appui. Mes maladies, mes symptômes, et les histoires qu’ils racontent. Je ne crois pas du tout à la fatalité de l’expression génétique hasardeuse comme explication à tous mes problèmes.

Pour conclure, je préciserai que j’ai acquis par toutes mes expériences la croyance que la thérapie réparatrice apporte forcément de meilleurs résultats sur le long terme par rapport à la thérapie ressources. Il s’agit très honnêtement de convictions profondes qui guident ma vie et que j’ai à cœur de respecter et de transmettre à celles et ceux qui me ressemblent. J’argumente, j’étaye mon propos, et je ne vous en voudrai absolument pas de repartir avec une vision différente de la mienne.

Et à mes futurs ex-clients qui préféreraient une thérapie orientée ressources parce que leurs convictions vont dans ce sens, je chercherai toujours à montrer un maximum de respect et à renvoyer vers des personnes compétentes dans le domaine.

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5 réflexions au sujet de “La thérapie par hypnose : deux visions qui s’opposent”

  1. Encore un bel article que j’ai dévoré dans toute sa longueur !

    En lisant l’article et la différence que tu fais entre les deux thérapies, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander qu’elle était la différence entre une séance d’hypnose conventionnelle et des séances où un coach va utiliser la respiration, la relaxation et la visualisation/imagerie mentale (utilisation des métaphores, ou mêmes des suggestions directes, etc…) pour tenter d’amener la personne à trouver ses ressources et développer sa résilience ?
    Est-ce qu’au final nous ne sommes pas dans de l’hypnose mais définie différemment ?

    La seule différence que j’y vois, et la posture. Le coach fait de la pédagogie tandis que l’hypnotiseur va être plus orienté vers une démarche thérapeutique.

    Encore merci pour ces partages. Hâte de lire les prochains.

  2. Excellent article qui montre bien une certaine dichotomie dans l’enseignement ‘classique’ de l’hypnose (‘protocolaire’ vs ‘regressive’ – je simplifie!).
    Mais je suis heureux de constater ces deux visions sont de plus en plus montrées comme complémentaires (comme l’a déjà démontré Erickson et d’une certaine façon, cet article).
    Comme le disait ma formatrice : la méthode dite ‘ressource’ met un pansement sur les ‘douleurs psychologiques’ (anesthésie locale, premier soin) offrant l’espace nécessaire au client pour résoudre ses problèmes de fond (réparateur).

    Je suis très content d’avoir la chance de côtoyer ta communauté : cette vision de l’hypnose (autant street que Hunkaar) me convient particulièrement.
    Et merci de t’être autant investi pour que cette voie se face entendre 🙂

  3. Mais pourquoi choisir puisque les deux orientations existent et qu’elles peuvent être adaptées? Et surtout, est-ce qu’avec un travail de fond, comme la réparation, on ne s’apparente pas davantage au psy?
    Enfin, parfois, la personne très « abimée » à l’intérieur, ne veut pas du tout revenir sur ses traumas, et avance à petits pas, en soulevant les voiles, les uns après les autres.
    Et faire appel aux ressources de l’inconscient, n’est-ce pas précisément revenir au lieu des apprentissages où tout allait bien avant un bug? (sommeil, toc, phobie, etc)
    Tout ça mérite une réflexion approfondie et probablement une grande expérience 😉

    • Je suis entièrement d’accord. Disons qu’il y a différentes philosophies de vies et pas forcément une meilleure ou une moins bonne que l’autre.
      Je cherche juste à préciser les choses sur ce qu’il se passe quand on dialogue avec des inconscients. Ils ont quand même tous une ligne directrice bien définie avec une volonté de libération émotionnelle avérée. Je n’ai fait que le constater avec mon expérience. J’ai eu la chance de pouvoir communiquer avec des centaines d’inconscients et j’en ai retiré une base de travail. Elle vaut ce qu’elle vaut sachant que je ne suis et ne serai jamais psy.
      Mon expérience vient avant tout de mon travail sur moi, et mes évolutions progressives me montrent que la voie de la réparation fonctionne là où d’autres m’ont mis en échec. Ensuite, ça parle ou pas, je respecterai toujours les choix de chacun.

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