Exploration du passé guidée par le référent

Les blessures de mon passé empêchent mon véritable MOI d'exister pleinement

Lors de l’exploration de notre passé par l’écriture automatique, avec l’aide de notre référent, nous allons retomber sur des blessures émotionnelles à la typologie très similaires. Nous allons rapidement les détailler ci-dessous, tout en conservant en tête qu’il ne s’agit que d’une représentation simplifiée.

Nous distinguerons les émotions négatives brutes (tristesse, colère et peur) des blessures (rejet, abandon, humiliation, injustice, trahison) qui consisteront bien souvent en un cocktail de plusieurs émotions.

Quand je me connecte à un sentiment d’abandon lié à mon passé, je peux tout à fait ressentir successivement (ou simultanément) de la tristesse et de la colère, par exemple. Je suis triste de subir cet abandon, et en colère contre la personne qui m’a abandonné. Une autre personne pourrait vivre l’abandon d’un être cher avec une énorme peur, en plus. Imaginons quelqu’un qui a été abandonné par sa mère célibataire, alors qu’il n’était qu’un jeune adolescent. La peur de se retrouver tout seul dans la vie aura son importance.

Il peut aussi y avoir plusieurs blessures liées à un même événement. Dans l’exemple ci-dessus, l’adolescent peut également ressentir une profonde injustice d’avoir perdu sa maman ainsi. 

Afin d’illustrer tout cela, je vous propose un exemple personnel tiré de mon histoire.

UN événement : séjour au ski

Le conseil régional des Bouches du Rhône organisait, pour les meilleurs élèves de 5e, des séjours au ski style colonie de vacances à des prix défiants toute concurrence. Quelque chose comme 120 francs la semaine, nourris, logés, et les remontées mécaniques payées. Pour quelqu’un comme moi qui n’avait jamais eu la chance de côtoyer la neige en montagne, c’était une aubaine.

Les journées durant ce stage étaient vraiment extraordinaires et j’en garde de très bons souvenirs. J’ai appris à faire du snowboard et c’était génial. En revanche, la nuit tombée, je vivais chaque nouvelle animation comme une torture.

Lors de la toute première soirée, les organisateurs avaient préparé un mini bal pour que tous les jeunes puissent faire connaissance. Il y avait une répartition équitable garçons filles. Avec différents types de musique de l’époque, l’idée était de danser, s’amuser, chanter et sympathiser tous ensemble. Rien d’anormal en soi. J’ai d’ailleurs observé les autres prendre beaucoup de plaisir au cours de cette soirée et les liens qui se sont créés ont perduré tout le séjour. De mon côté, le fait de bouger mon corps au rythme d’une musique devant d’autres personnes était nouveau pour moi. On ne m’avait jamais appris. Et certainement que ma grande timidité ne joua pas en ma faveur pour être demandeur non plus. Par conséquent, j’essayai, maladroitement. Je passais inaperçu et c’était tant mieux, et malgré ma grande difficulté à me mouvoir, j’arrivais à voir les minutes s’écouler sans trop souffrir de la pression induite par les organisateurs. En effet, il était interdit de rester assis ou debout immobile, sous prétexte que tout le monde devait participer. Je souffrais dans mon corps, mais j’acceptai la sentence par soucis d’intégration sociale.

Puis vint un slow. Les animateurs demandèrent alors des duos filles garçons. Je tentai une première approche avec une fille : refus. Une deuxième : refus. Puis j’arrêtai d’essayer, tant les refus étaient durs à supporter pour moi. Finalement, la dernière demoiselle disponible s’avança vers moi et on commença à regarder autour de nous comment faisaient les autres pour danser un slow. Certains étaient plus à l’aise que d’autres mais tous semblaient bien s’amuser. N’osant pas se coller de trop près, nous posâmes nos deux mains autour de la taille de l’autre et nous mîmes à bouger comme des robots mal programmés. Je me rappelle encore cette sensation squelettique qu’elle dégageait. J’avais l’impression de pouvoir faire le tour de sa taille avec mes petites mains. Je découvrais petit à petit de nouvelles sensations, finalement pas si désagréables que ça. J’apprenais.

PLUSIEURS blessures dans UN événement : humiliation et injustice

Des rires moqueurs semblèrent soudain se tourner vers nous. Nos pas devinrent encore plus imprécis, et nos regards se figèrent dans le temps, paralysés. Puis un animateur arriva, nous sépara et nous demanda d’aller nous asseoir. Je ne me souviens plus de ses paroles exactes, mais de mémoire elles n’étaient pas du tout malveillantes. Il souhaitait certainement écourter les rires moqueurs. Mais l’effet sur moi fut destructeur. Il venait de nous faire enfreindre une règle (interdiction de s’asseoir) dans le but de demander à mon corps d’arrêter de bouger. Sous-entendu : je bougeais tellement mal mon corps que ce dernier ne méritait même plus de bouger tout court, malgré les règles imposées au départ qui stipulaient qu’il devait bouger en toute circonstance.

Je l’ai vécu sur le moment comme une énorme humiliation. Pendant des années, j’ai ensuite joué la stratégie de l’évitement dans toutes les situations qui auraient pu me faire revivre, de près ou de loin, cette première grosse blessure émotionnelle liée à la danse. Petit à petit, j’ai même perdu l’envie d’apprendre à bouger mon corps. Tout mouvement de danse était devenu interdit parce que l’humiliation vécue lors de cet événement ressortait dès que j’essayais, paralysant ainsi mon corps tout entier. Durant toute cette période, je n’avais absolument pas conscience que ma difficulté à bouger mon corps était liée, en partie au moins, à cet événement.

Grâce à Namilélé, j’ai aussi pu me reconnecter à un sentiment d’injustice. J’en ai voulu à la terre entière que l’on ne m’ait pas appris à bouger mon corps avant de participer à ce genre de soirées. Les autres jeunes avaient déjà visiblement eu des expériences d’apprentissage de la danse, sûrement en famille ou avec des amis, et ils semblaient davantage dans leur élément. Certains faisaient vraiment n’importe quoi mais ils s’amusaient ; alors ils étaient bien perçus et intégrés dans le groupe immédiatement.

PLUISIEURS émotions dans UNE blessure

Injustice => tristesse + colère​

La tristesse
Cela m’a rendu très triste de me sentir exclu du groupe momentanément. A tel point que j’ai maintenu l’isolement pendant le reste du séjour. Je ne parvenais plus à apprécier la vie au sein du groupe.

La colère
J’en ai terriblement voulu aux animateurs de m’avoir autant fait souffrir. Et plutôt que de m’apprendre à mieux danser, ils ont rompu leur propre règle stipulant qu’il fallait toujours être en mouvement durant les musiques. Avec un raisonnement adulte et rationnel, je sais très bien qu’il était dommage de leur en vouloir pour ça alors que cela partait sûrement d’une bonne intention. Mais quand j’écoutai mon corps, crument, c’est bel et bien ce qui en ressortait. Beaucoup de colère et même de rage dans cette injustice.

evenement-blessures-emotions-1

Pour soigner notre corps, nous allons laisser notre inconscient exprimer toutes les facettes émotionnelles liées à l’événement traumatique. Et c’est grâce à l’écriture automatique que nous allons apprendre à libérer notre corps de tous les poids qui nous paralysent. C’est un travail de longue haleine et qui vaut le coup. J’éprouve aujourd’hui un réel plaisir à bouger mon corps pour danser, seul ou accompagné. J’éprouve encore des difficultés quelquefois parce que d’autres événements non visités émotionnellement bloquent encore partiellement ma liberté de mouvement mais je sais que je suis sur le bon chemin.

Mise en garde : LES ÉMOTIONS NE SONT PAS RATTACHÉES À DES FAITS RÉELS

Les faits mémorisés sont forcément reconstruits. Plus ils sont lointains et difficilement accessibles, et plus ils seront reconstruits et modifiés par notre inconscient lors de leur accès.

HUNKAAR et les faux souvenirs

De trop nombreuses personnes pensent que les souvenirs mémorisés dans notre corps collent parfaitement à la réalité des faits qui se sont déroulés. Et c’est une grave erreur. Cela provoque notamment beaucoup de désaccords parce que chacun est persuadé de se souvenir mieux que l’autre de ce qui s’est réellement passé.

En réalité, les souvenirs sont intimement connectés aux émotions qui y sont associées. A tel point qu’ils peuvent se modifier avec le temps pour correspondre plus parfaitement encore à l’intensité des émotions. Les souvenirs peuvent être même totalement refoulés dans certaines circonstances particulières, comme les traumas très lourds, afin de protéger la conscience d’émotions trop violentes enregistrées dans son corps.

D’ailleurs, l’hypnose a longtemps fait l’objet de controverses lorsqu’elle était encore utilisée sur le plan judiciaire. La remémoration sous hypnose d’abus sexuels longtemps après les faits s’était avérée à de multiples reprises fausse, après que des témoins aient pu fournir des alibis en béton aux suspects.

Notre histoire est constituée de faits mémorisés qui sont transformés en cohérence avec les émotions enregistrées dans le corps.

Cette observation des souvenirs transformés a conduit la majorité des thérapies modernes à délaisser le souvenir au profit de solutions basées sur la reprogrammation cognitive (PNL, TCC, Hypnose Ericksonienne etc.).

J’ai pu observer sur moi à quel point un trauma, qu’il soit réel ou reconstruit, a les mêmes impacts symptomatiques tant que les émotions restent enfouies à l’intérieur. Je crois en la réalité brute des émotions, en même temps qu’à la reconstruction permanente des mémoires factuelles. Selon moi, ce n’est pas incompatible. Les faits enregistrés sont déformés, mais pas les émotions. Elles ne demandent qu’à être vécues pour être enfin apaisées.

Le souvenir des faits reste donc un pont important vers la libération des fardeaux émotionnels, à condition d’accepter qu’il ne contienne pas que la vérité vraie.