Jean-Emmanuel à la rencontre de Namilélé

Le texte qui suit représente la conclusion de plusieurs années de recherche de Jean-Emmanuel à « être réceptif » aux outils de l’hypnose. Il est disponible en audio, lu par Jean-Emmanuel, et nous vous recommandons de l’écouter plutôt que de le lire pour mieux percevoir le message qui se cache derrière.

Jean-Emmanuel s’adresse à toutes celles et tous ceux qui s’estiment « non réceptifs » à l’hypnose ou aux états modifiés de conscience plus généralement. Il est la preuve vivante que, petit à petit, tout le monde peut y parvenir. Si vous n’arrivez pas (encore) à lâcher prise, HUNKAAR est fait pour vous.

Ce texte ayant été publié à l’origine pour un public déjà initié aux techniques de l’hypnose, vous allez y découvrir des termes qui vous seront peut-être inconnus. Phénomènes idéomoteurs, catalepsies, etc. Ne cherchez pas à comprendre. Voyez plutôt cet extrait tiré de la vie de Jean-Emmanuel comme une présentation enthousiasmée de sa persévérance et des résultats qui en ont découlé.

La transcription est disponible ci-dessous

Salut, c’est Jean-Emmanuel. Et aujourd’hui je suis très réceptif à l’hypnose. Je sais vivre des catalepsies, comme les pieds collés au sol ou les paupières impossibles à ouvrir. Je peux même vivre des amnésies en tout genre. Et mieux encore, mon inconscient peut écrire et parler à ma place avec sa voix toute chelou que j’adore tant. Mais, cette réceptivité, elle n’a pas toujours été là, croyez-moi. En 2008, je découvrais la notion même d’hypnose. Avant, j’associais ça à des spectacles réalisés avec des acteurs, sans me poser davantage de questions. Consciemment en tout cas. Mais à un autre niveau de moi, bien plus profond, une envie folle d’apprendre l’hypnose est apparue, et elle est remontée au conscient à une vitesse folle, un peu comme une envie de pisser. A ce moment-là, je regardais des vidéos de magie sur Youtube en m’ennuyant à l’hôpital. C’était suite à mon hospitalisation pour un diabète de type 1. Derren Brown, mélangé avec un peu de chance de l’univers, m’a fait découvrir l’hypnose pour la première fois. Et là, en moi, naissait ma seconde vie, avec cette fois un nouvel outil : l’hypnose.

J’ai découvert et commencé à apprendre comme tout le monde : en lisant des articles sur Internet et des livres un peu anciens. J’en suis ressorti avec beaucoup de clichés et plus de peur que de connaissance. J’y ai vu surtout des hypnoses de spectacle irrespectueuses, et des accompagnements médicaux et thérapeutiques inefficaces. Durant des heures et des heures. Des jours et des jours. J’en avais beaucoup du temps à ce moment-là de ma vie. La vie m’a imposé une année sabbatique à cause de la maladie, en attendant de continuer les études, et je l’ai utilisé pour explorer mon intérieur et chercher la réponse qui me bouffait toute mon énergie : POURQUOI MOI ? Pourquoi moi je suis tombé malade aussi gravement d’une maladie dite “auto-immune” ? Et histoire d’être sûr de bien comprendre tout ce qu’il y avait derrière ce mot là, j’ai passé deux ans en licence de bio. Je connais parfaitement tous les mécanismes biologiques derrière le diabète de type 1. Mon corps, MON CORPS, était en train de me tuer. Et si je n’étais pas tombé spécifiquement en France, en 2008, je serais vraiment mort. Avant 1921 plus exactement, je n’aurais pas survécu.

Il me fallait être hypnotisé.

J’ai donc été voir le professionnel le plus proche de chez moi. J’ai tâté le terrain. Il a essayé plusieurs fois de m’hypnotiser, sans succès. Je ne ressentais rien. Rien de différent de mon état normal. Il avait suggéré à un moment donné que mes bras pourraient se lever dans les airs. Là encore. Rien. Aucun mouvement. Je sortais de ce soit disant “état d’hypnose” par une simple ouverture des yeux qui ressemblait exactement à ces millions d’autres présents tout au long de la journée. Alors j’ai entrepris d’apprendre l’hypnose, en tant qu’hypnotiseur, afin de mieux en comprendre les mécanismes. Peut-être qu’en devenant hypnotiseur, je deviendrais meilleur hypnotisé. C’était ce que je me disais en tout cas. Les bonnes formations de l’époque m’ont refusé cet apprentissage, réservé alors seulement au monde médical. J’ai vu des hypnotiseurs de spectacles s’entraîner dans la rue sur Youtube et j’ai commencé à laisser germer en moi l’idée de sortir dans la rue hypnotiser de parfaits inconnus. Il fallait que je trouve la clé de l’hypnose. Si je la trouvais pour les autres, je savais que je finirais forcément par la trouver pour moi. Peut-être pas tout de suite. Mais un jour.
A croire que l’autoroute qui aurait simplement consisté à rentrer en introspection le temps nécessaire pour devenir hypnotisable, bah c’était beaucoup trop dur pour moi. Alors j’ai préféré faire 30 fois le tour de la Terre avant d’enfin me sentir suffisamment en sécurité pour me laisser le droit de vivre l’hypnose. Et mieux encore, durant ce voyage d’1 202 250 kilomètres et 510 mètres dans le monde de l’inconscient, j’y ai découvert MON hypnose. Je l’appelle HUNKAAR aujourd’hui. C’est la résultante de toute mon expérience d’exploration des inconscients. Des autres d’abord. Et du mien enfin.

En 2013, soit déjà 5 ans plus tard, je ne vivais toujours pas plus l’hypnose que des légers phénomènes idéomoteurs et j’avais goûté une seule fois à un semblant de catalepsie. Par exemple, mon bras bougeait tout seul, sans vraiment bouger tout seul. C’était très frustrant comme sensation. Je ne pouvais pas m’empêcher d’accompagner consciemment les mouvements de mon inconscient. Comme s’il fallait que je sois partout où il est aussi. Je ne savais juste pas faire autrement. On me disait que j’avais peur de perdre le contrôle, mais en réalité ce n’était pas moi qui avait peur. Je ne le ressentais absolument pas. C’est comme si dans mon inconscient, il y avait des choses qui ne voulaient pas que d’autres parties de mon inconscient s’expriment. Mais au delà du simple constat, je me suis retrouvé sans armes pour aller plus loin et transformer ce raisonnement en pratique.

Pour illustrer ce propos, j’aimerais vous lire un extrait d’un article que j’ai publié sur le site de Street Hypnose en mai 2013. J’écrivais ceci :

J’ai lu il y a quelques jours un livre intitulé Se libérer du connu, écrit par Krishnamurti, un philosophe Indien remarquable. Ce qu’il nous propose, c’est de sortir de toutes nos pensées et connaissances passées pour réussir à vivre pleinement le présent tel qu’il est réellement. Le voir et le vivre dans les faits, coupé de toutes les images préconçues par notre société. Par exemple, apprendre à regarder un arbre sans penser au mot arbre et à tous les concepts qui le représentent. Juste voir sa véritable beauté, sans juger ni analyser.

Le plus gros problème que je rencontre, c’est que je VEUX progresser. Je veux que l’hypnose fonctionne de mieux en mieux sur moi. Et Krishnamurti m’a fait comprendre qu’il était illusoire de suivre cette voie là. Il montre admirablement bien comment opposer ce que l’on est avec ce que l’on aimerait être ne permet tout au plus que de créer des conflits inutiles à l’intérieur de nous. Et qui dit conflits intérieurs, dit forcément résistances.

Plus je voudrais tout mettre en œuvre pour que cela fonctionne, et moins j’y parviendrai.

J’ai déjà réussi à obtenir une catalepsie d’intensité légère, et au final c’était la seule fois où je me souviens m’être vraiment laissé aller. Parce que c’était une personne débutante qui m’avait hypnotisé ce jour-là, je n’en attendais rien. Je voulais juste profiter du bien-être que ses suggestions me procuraient. Et je me suis surpris à ne plus pouvoir bouger mes pieds du sol. Je n’ai pas senti mes jambes lourdes ou mes pieds collés au sol, je n’en suis pas encore là. Mais j’étais clairement dans la phase je sais que je peux les lever, mais je n’en ai pas envie. Comme si j’avais oublié comment faire.

Au fond, penser, cela veut dire quoi ? Ni plus ni moins que faire appel à des références passées, et donc potentiellement à autant de résistances empêchant le lâcher-prise. Si on ne pense plus et que l’on se contente de vivre le présent, il ne peut plus y avoir de conflits. Parce qu’on est dans l’attention, totale, et non plus dans l’analyse et le jugement.

Je dois être ici, dans l’instant présent, sans analyser, ni juger. Il faut réussir à arrêter de penser et privilégier l’attention. Cela ne veut pas dire qu’il faut ne penser à rien. Il faut au contraire réussir à se laisser guider par l’hypnotiseur. Se laisser submerger par ses mots et tout ce qu’il essaye de nous transmettre. Se connecter ensemble, de la façon la plus simple qui soit. Etre attentif à tout ce que l’on vit, nos ressentis, nos émotions, et à la beauté de toutes les énergies qui sommeillent en nous. Chacun verra des choses différentes à l’intérieur de lui. Et Krishnamurti est bien trop humble pour imposer sa propre vérité. Il nous encourage tout simplement à tous découvrir la notre par nous-même.

Si je souhaite devenir un meilleur volontaire, il me faut me libérer de mes peurs.

La peur, de quoi ?

La peur de l’inconnu. La peur du connu. Toute peur est de toute façon liée à mes pensées, mes idées et mes expériences. Une peur ne vient pas de nul part, elle s’est construite à l’intérieur de moi. Ce sont tous les codes de notre société qui m’ont inculqué fondamentalement toutes ces peurs. La peur de perdre mon libre arbitre, la peur d’être sous l’emprise d’un autre, la peur d’être manipulé, la peur d’être changé en quelqu’un qui ne me ressemble plus. Bien sûr, je sais que l’hypnose n’a rien à avoir avec tout cela. Tout comme un arachnophobe sait pertinemment que la petite araignée de 2 millimètres de diamètres ne lui fera de toute façon aucun mal. A ce moment là, on a juste envie de dire : c’est plus fort que moi. Cette force, n’est autre qu’une intervention – sûrement illégitime – de l’inconscient.

Se libérer de mes peurs ne veut donc pas dire les condamner, ni même les justifier. Je sais qu’elles n’ont pas lieu d’être. Pourtant, elles sont là, sinon j’arriverais à lâcher-prise. Selon Krishnamurti, je dois réussir à observer ces peurs dans leur globalité, dans leur structure, et sans jamais les juger. Le simple fait de les observer, de chercher à comprendre leur fonctionnement, me permettra au final de les surpasser. En revanche, chercher à les contourner et à les apprivoiser ne ferait que leur donner plus de réalité.

Vouloir que ça marche, c’est échouer

Le désir de réussite est une forme d’échec. Vouloir que ça marche, c’est déjà quelque part fausser l’expérience et provoquer son échec.

Il faut apprendre à vivre l’expérience pour ce qu’elle est, et non pas pour ce que l’on aimerait qu’elle soit. C’est ça le lâcher prise.

Wow, ça c’est un sacré beau discours hein. Mais ça ne reste que des mots écrits, comme une belle prose qui émerveille son audience, tant que ce n’est pas vécu. J’en ai chié. J’en ai bavé. Avec les autres, et surtout avec moi-même. Mais au bout du chemin, sans jamais laisser tomber, j’ai enfin trouvé ma clé.

Elle s’appelait, depuis le début : Namilélé.