Retour aux origines d’HUNKAAR

Le 04 février 2008

A peine arrivé à l’hôpital de Rangueil, après avoir tenté d’ignorer les innombrables appels de détresse de mon corps durant des mois, une infirmière s’approcha de moi et chercha dans mon regard la raison de ma venue. “Je n’en peux plus, je vais m’écrouler” pensais-je alors tout bas, sans dire un mot. Après qu’elle m’ait demandé les symptômes qui m’amenaient, il me fallut un courage énorme pour lui énoncer, honteux, l’ampleur de la catastrophe. Enfermé dans mes 9m² une grande partie de la journée, des nuits de quinze heures entrecoupées d’une envie insoutenable d’uriner tous les quarts d’heure, dix litres d’eau ingurgités par jour minimum avec la sensation de n’être jamais réhydraté, 1m80 pour 54kgs avec une perte d’environ 10kgs en l’espace d’une semaine et demi…

Elle courra prendre le premier lecteur de glycémie qui se trouvait à sa portée. Après une petite piqûre sur le doigt s’inscrivit sur le lecteur deux lettres qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire : “HI”. “High” en anglais, qui indique un taux de sucre extrêmement élevé dans le sang. Je vis dans son regard que quelque chose n’allait pas. Elle inséra ensuite une deuxième bandelette d’une couleur un peu différente. Elle m’expliqua alors qu’elle souhaitait mesurer mon taux d’acétone.

Il suffit ensuite qu’elle prononçât les mots “Monsieur, nous ne pouvons pas vous laisser repartir. Nous allons devoir vous garder quelques jours à l’hôpital, venez suivez-moi” pour que ma vue s’embrume et mes jambes me lâchent : début de coma acidocétosique.

J’ai la mémoire très brouillée des événements qui suivirent. Certainement pour me protéger, mon inconscient a fait le choix d’obstruer ces éléments de ma mémoire consciente, jusqu’à mon réveil durant la nuit du 05 février où l’infirmière prit tout le temps de m’expliquer ma situation avec calme et sérénité : il allait désormais falloir jongler au quotidien avec un diabète de type 1.

Pourquoi moi ?

A la découverte de l'hypnose

Depuis mon lit d’hôpital, le téléphone portable à la main (un Nokia N95 que j’ai gardé en souvenir et qui fonctionne toujours), je parcourais l’Internet de l’époque à la recherche de vidéos pour me distraire. Je tombai alors sur les exploits d’un certain Derren Brown, capable de sublimes tours de magie et d’hypnose. Un mot qui résonnait en moi avec un point d’interrogation. Mais à ce moment-là, rien de plus.

Mon esprit était trop occupé par mon départ à venir en Roumanie dans le cadre de mon stage de fin de deuxième année d’études, dès le mois d’avril, qui semblait compromis. Contre vents et marées, sans écouter les recommandations de mes médecins, j’ai passé quatre mois mémorables là-bas, même si j’ai fini quelques fois aux urgences de la ville de Craiova par manque de recul et d’expertise sur mon diabète. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter.

Dès mon retour, mon meilleur ami de l’époque m’invita à venir chez lui pour regarder quelques vidéos ensemble sur son ordinateur. Inévitablement, on se mit à regarder des vidéos de Derren Brown. Toutes, en fait. Cela nous prit une bonne partie de la nuit. Et nous vint alors vers 4h du matin l’idée folle de nous lancer un défi : “nous allons apprendre à faire de l’hypnose, coûte que coûte !”.

Je demandai alors à mon ami Google des renseignements sur cette mystérieuse pratique. Et mis à part quelques vieux sites consacrés à l’hypnose médicale, il n’y avait strictement RIEN. Maîtrisant l’anglais, je m’attaquais aux sites anglo-saxons, pour finalement découvrir une pratique très intéressante : des hypnotiseurs de spectacle créaient des attroupements au milieu de grandes places bondées et s’exerçaient sur des inconnus durant tout l’après-midi en distribuant des flyers avec pour objectif de remplir leurs salles le soir. Et apparemment, cela fonctionnait. La variante spectacle de l’hypnose ne m’attirait pas, et je continuai donc à chercher ailleurs.

Je tombai alors sur une formation “d’hypnose Ericksonienne” dispensée dans ma ville, à Toulouse. Cinq jours pour 800 euros, et elle avait lieu juste après l’été. Je sautais sur l’occasion mais une fois l’inscription terminée, la frustration grandissait déjà. Je ne pouvais pas attendre jusque-là. Quelque chose en moi m’attirait sans trop savoir encore quoi exactement.

STREET HYPNOSE

Avec quelques techniques en poche inspirées de John Cerbone, Anthony Jacquin et Marc Savard, trois hypnotiseurs de spectacle, je m’aventurais à essayer d’hypnotiser mon meilleur ami directement chez lui. On a bien rigolé ce jour-là ! Mais pas d’hypnose en perspective. Le lendemain, je me rendais chez ma cousine et son chéri, en annonçant fièrement : au fait, tu n’es pas au courant ? J’ai fait une formation d’hypnose récemment. C’est incroyable ! Vous voulez essayer ? Du bluff total. Elle refusa, il accepta.

Première induction (l’induction papillon de John Cerbone), et il tomba comme une poupée de chiffon sur le lit. Je tremblais de tout mon corps, une tachycardie à au moins 150 pulsations par minutes, mais je ne me démontais pas et j’enchaînais tous les phénomènes hypnotiques vus dans les spectacles en vidéos. Mains collées, oubli du prénom, jusqu’aux plus folles hallucinations visuelles. Tout fonctionnait. Et je n’y comprenais absolument rien. Comment était-ce possible ? Mon meilleur ami ne se prit pas au jeu de l’hypnose et se découragea rapidement. Tandis que cela devenait petit à petit une obsession pour moi.

La formation d’hypnose Ericksonienne fut finalement un grand fiasco, et à part apprendre à m’endormir au son d’une voix monotone et déprimante au possible, je n’y ai rien appris du tout. Point positif tout de même, j’eus des volontaires parmi les autres stagiaires pour m’exercer davantage encore durant ces quelques jours.

Je décidais alors de poursuivre l’aventure avec des inconnus dans la rue, petit à petit, afin de mieux comprendre le phénomène. Pas pour faire du spectacle, non, juste un volontaire après l’autre afin de répondre à cette pulsion à l’intérieur de moi qui m’attirait inévitablement dans cette recherche de compréhension. Moi, timide, introverti. Quelque chose à l’intérieur de moi me poussait encore et encore, malgré les nombreux échecs, et je me nourrissais des quelques moments de bonheurs partagés avec ces personnes dans la rue afin de ne pas laisser tomber. Il n’y avait pas toutes les documentations actuelles, et ma personnalité à l’estime de soi fragile était sans cesse mise à rude épreuve devant l’accumulation des échecs. Une voix rassurante résonnait à l’intérieur de moi :

Sometimes you win, sometimes you learn.

Quelquefois on gagne, quelquefois on apprend. J’étais persuadé d’avoir déjà lu cette phrase quelque part. Et je remercie toutes les personnes rencontrées dans la rue qui ont accepté de jouer le jeu et de découvrir la pratique de l’hypnose ludique en même temps que moi.

2008, 2009, 2010, 2011… 

Des milliers de séances d’hypnose impromptues plus tard, avril 2011, un de mes collègues étudiant en informatique m’apprend qu’il a créé un blog et qu’il s’apprête à tout quitter pour partir vivre en Thaïlande. Il souhaite raconter son histoire sur son blog. Interloqué, je lui demande de m’expliquer le concept de “blog”, inconnu pour moi jusqu’alors, ou se limitant aux blogs très enfantins de la radio Skyrock. Je créé alors le 11 avril 2011 l’URL “street-hypnose.fr“, le début d’une grande aventure. Quelques mois passèrent, où je m’interrogeais sur quoi écrire, à qui m’adresser, dans quel but. Et je lançais officiellement le blog Street Hypnose en janvier 2012, afin de raconter MON histoire d’hypnotiseur de rue.

La voix de l'inconscient

Vous avez sûrement déjà entendu parler du livre “la voix de l’inconscient”, auto-publié et sorti en version imprimée sur Amazon le 15 octobre 2013.

Afin de m’aider à en trouver le titre, je réalisai une expérience de connexion avec Namilélé, mon ange-gardien rencontré avant même le diagnostique de mon diabète au travers d’expériences ésotériques. Et je vécus l’expérience la plus libératrice de ma vie. Mon inconscient, mon corps me fit passer un message terrible tout en m’enveloppant d’un amour infini :

J’aimerais que tu vives dans ton cœur pourquoi tu es devenu diabétique. Ton corps préférait mourir plutôt que de continuer dans cette voie, sans pouvoir prendre la parole.

Ces quelques mots ont bouleversé ma vie. Ils ne sont pas nécessairement une vérité absolue. Je me contrefiche de savoir s’il y a une réalité avérée derrière ce symbole. Ce que je sais, c’est que j’ai pu alors libérer des émotions qui étaient restées bloquées à l’intérieur, et qu’ensuite j’ai pu commencer à retrouver le bonheur et l’amour de/pour mon corps. Je ne suis pas à la recherche de LA vérité. Je suis à la recherche de MA vérité, celle qui me fera le plus évolué et me rendra le plus heureux et épanoui. Et j’invite toutes les personnes qui suivent HUNKAAR à trouver la leur.

J’en ai parlé à personne. Et beaucoup s’amusèrent de mon jeu de mot “la voix de l’inconscient” au lieu de “la voie de l’inconscient”, titre somme toute plus logique quand on écrit un livre pour transmettre les bases de l’hypnose ludique. Derrière ce livre pédagogique cherchant à transmettre au plus grand nombre des techniques d’hypnose ludique, se cachait un message beaucoup plus profond : “donnez la parole à vos inconscients qui en ont tant besoin, et ils vous le rendront au centuple”. D’où la sincère bienveillance que j’ai souhaité transmettre tout au long de cet ouvrage. L’approche par le jeu permit à des milliers d’inconscients d’avoir un peu plus de place pour s’exprimer, et je souris encore des nombreuses séances où les personnes repartaient en s’exclamant : “je ne vous l’avais pas dit mais je suis venu avec un mal de tête horrible et je n’ai plus rien ! Comment vous avez fait ?”.

Ecoutons notre corps murmurer, afin de ne pas avoir à l'entendre hurler

Un ami, vous n’allez pas le voir que lorsque vous avez besoin de lui, n’est-ce pas ? Vous entretenez une relation d’amitié par des communications régulières, parfois anodines, et beaucoup de bons moments partagés en plus des moments difficiles.

Pendant mes premières formations Street Hypnose, je me suis rapidement rendu compte que le simple fait de créer des phénomènes hypnotiques, ludiques, apportaient des mieux être à mes stagiaires sur toutes sortes de pathologies, même les plus complexes, alors même que je n’abordais aucunement l’aspect thérapeutique. N’étant pas formé, je ne me serais jamais permis. Je constatais simplement, comme par magie, que les inconscients donnaient énormément en échange d’avoir joué un peu avec eux. Pourquoi ? J’eus ma réponse plus tard lorsque j’entrepris de leur poser la question. Tous, TOUS, le faisaient avec espoir de donner envie à la conscience d’ouvrir une communication bienveillante avec eux. Et avec leur propre langage, nos corps essaient quotidiennement de nous dire “à l’aide”. Dommage, pour nous autres esprits rationnels, le langage de notre corps ressemble à du chinois.

Nos inconscients souffrent en permanence. Ils souffrent d’émotions enfouies qui pourrissent notre intérieur. Ils souffrent d’un rationnel et d’un esprit analytique beaucoup trop présents. Ils souffrent d’un manque cruel de communication entre le corps et la conscience que nous représentons. Nos émotions sont souvent immatures, incontrôlables et ne sont que le reflet de notre souffrance profonde, bien cachée.

Nous recherchons constamment la réussite plutôt que le bonheur.

Je me suis alors juré deux choses :

Je ferais au mieux, chaque jour,  pour écouter mon corps et les messages qu’il a à me faire passer.

J’entreprendrais dans ma vie de lancer un site Internet pour apprendre aux gens à redonner la parole à leur inconscient.

HUNKAAR - le rugissement d'une meute de lions au rythme des tambours

J’ai pour la première fois lu ce mot, Hunkaar, lors de mes recherches sur Internet suite à une formation bouleversante que j’ai suivie sur le Chamanisme Toltèque. J’y ai appris à me reconnecter encore plus à mon corps, à l’écouter, et à me rendre compte que de tous temps, nos ancêtres ont toujours été à la recherche d’une réelle harmonie avec leur corps. Notre société moderne, petit à petit, cherche à nous en couper. Hunkaar est un mot puissant qui résonne au plus profond de mes tripes. Comme un mantra. Le logo raconte l’histoire de comment je me le suis approprié à l’intérieur de moi grâce à Namilélé. Son animation raconte mon évolution avec l’arrivée de Kaliyah.

A travers l’exploration de mon propre inconscient, j’ai cherché avant tout à partir à la recherche d’un bonheur plus complet dans ma vie et d’une compréhension de mon histoire. Qui je suis, d’où je viens.

HUNKAAR raconte mon histoire. Mon histoire raconte HUNKAAR.

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25 réflexions au sujet de “Retour aux origines d’HUNKAAR”

  1. Pfiou….quelle belle article.
    Tellement fort en émotions je trouve que c’est hyper touchant comme histoire. …
    je ne sais pas vraiment comment m’expliquer mais je trouve ça super beau de t’être fait confiance contre vent et marée.
    Malgré les problèmes tu as toujours gardé en tête tes projets. Étapes par étapes tu as pris confiance en toi pour notre plus grand plaisir.
    Merci à toi de nous faire découvrir l’hypnose avec une telle bienveillance.
    Et je te dirais merci inconscient de manu ??

  2. Frais et touchant cet article. Mais jamais autant que ces moments exceptionnels que j’ai pu vivre dans tes formations… Je te souhaite un bel avenir avec ce projet Hunkaar, et très certainement à bientôt au détour d’une de tes nouvelles formations…

  3. Au final, je trouve que le récit de ton expérience me donne de l’énergie. Mon inconscient confirme ?
    Je suis heureuse de faire un bout de chemin avec toi vers plus d’alignement. ?

  4. Merci de ce partage, je ne connaissais pas ton histoire, magnifique parcours, Ce serait sympa de se rencontrer pour que je te raconte le mien bien différent sur bien de spoints mais avec une apssion commune l’hypnose, l’auto hypnose et sa transmission.

  5. Jean-Emmanuel qui nous ouvre une petite partie de lui et qui par sa passion a su ouvrir en nous une porte nous menant vers notre propre recherche intérieure, notre voie ou voix (petit clin d’œil). Jean -Emmanuel un homme qui m’a permis de retrouver en moi qui je suis réellement, de changer certaines choses en moi, me permettant d’être tout simplement moi-même et non ce que je veux paraître aux yeux des autres.

    Est-ce que l’hypnose n’est pas tout simplement cela, s’ouvrir un peu pour que les autres s’ouvrent à vous.

    Merci, Monsieur Jean-Emmanuel.

  6. Merci Jean Emmanuel pour ce texte un peu plus intime que d’habitude et qui donne toute sa cohérence à ton magnifique parcours.
    Tu sais à quel point tu as révélé chez moi des choses bien profondément enfouies par le moule sociétal que tu décris si bien.
    J’ai adoré ta phrase “Nous recherchons constamment la réussite plutôt que le bonheur” car non seulement elle s’est appliquée longtemps à moi même mais je ne vois que trop aujourd’hui le nombre incroyable de personnes à qui elle s’applique.
    Les techniques que tu nous enseignes sont exceptionnelles… Exceptionnelles de simplicité, d’efficacité, d’authenticité, de bienveillance… Il y a encore 2 jours à l’occasion d’une séance, une personne retraitée a vu s’ouvrir devant elle en quelques minutes une nouvelle façon d’aborder la vie… J’adore ces moments de prise de conscience objective de l’existence de l’inconscient. Ils bouleversent des vies et moi ils donnent un sens à la mienne.
    Je ne saurais donc pas assez remercier ton corps de t’avoir poussé à la limite pour qu’aujourd’hui tu réalises ce beau projet qui voit le jour et qui fera un tas d’heureux dont moi le premier.
    Longue vie à Hunkaar, courage et force à Julie et toi Jean Emmanuel.
    A très très vite… J’ai hâte…

  7. c’est marrant ! c’est exactement la même vision de l’hypnose que j’ai et après avoir lu cet article, mon inconscient me dit ” bon sang, mais c’est bien sûr !” ( ceux qui aiment gotlib comprendront 😉 ) et je n’ai qu’un seule envie , pouvoir découvrir tout ce que tu a à enseigner…

  8. Super article!
    Merci Jean-Emmanuel pour ton travail et pour qui tu es…
    Je crois que tu es en train d’ajouter une grosse pièce à l’édifice à l’hypnose thérapeutique qui souvent est mal comprise dans la plupart des formations à l’hypnose…une nouvelle génération de thérapeute devrait apparaitre grâce à Hunkaar qui fera le plus grand bien à notre environnement sociétal.
    Et je n’oublie pas Julie dans cette aventure Hunkaar que je salue ….et qui compte double! 😉

  9. Cher Jean Emmanuel,
    En général je décroche lorsque je lis un article, mais là j’ai eu envie de lire jusqu’au bout. J’ai hâte de te rencontrer et d’en savoir plus sur cette formation. Félicitations à toi et merci d’avoir partager cette part de toi !
    Gratitude Monsieur !
    Bien à toi
    Daniel

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